Quid de Quiheix ?

C'est le nom d'une écluse à Nort sur Erdre, le nom me semble vraiment proche de Quinhu en Guenrouët (en tout cas on trouve l'élement "Quinh"), pour le "eix", il y a aussi Branleix à Guenrouët, qui est, il me semble constitué de Bran+lez.

Pensez vous que ce "Quinh" pourrait être un "knec'h", pensez au mot "noix" en breton vannetais : "keneù" qui vient de "know" ?

Quinhu serait "knec'h uhel" ? c'est gratuit evidement
Quinheix: Knec'h lez ? de même

Instinctivement je dirais que QUINHU vient de KEIN, "dos", soit colline au sens figuré, ou en effet KENEC'H réduit à QUEN-, mais pas QUIHEIX dans lequel il n'y a pas de N : sa disparition serait difficilement explicable d'un point de vue phonétique. Je ne vois pas où tu retrouves l'élément QUIN-.

J'y verrais plutôt un KIL, "revers, éminence", qui pourrait correspondre au site du Moulin de Quiheix.

Autre hypothèse à creuser : un dérivé du type KILLIEG, "lieu à bosquets", comme QUILLEC (St Urbain, 29), LE QUILLEUC (La Prénessaye, 22), GUILLIEC (Collorec, 29), etc., impliquant une évolution phonétique /kiliè/ > /kiyè/. Le site s'y prête assez bien : nombreuses zones boisées le long de l'Erdre et du Canal, du moins de nos jours.

Il faudrait des formes anciennes.

Info intéressante : le ruisseau LE GESVRES, affluent de l'Erdre situé plus au sud (La Chapelle-sur-Erdre) aurait été appellé le QUIHEIX jusque dans les années 1910.

Source : http://www.lachapellesurerdre.fr/documents/bienvenue/publications/mags/magazine_79.pdf

GESVRES semble être un dérivé du gaulois *WO-BERO, "ruisseau", comparable au ruisseau de GAUBERT en Mauves-sur-Loire (44) ou encore au breton méridional GOVER (Vannetais, région de Guérande).

Dans ce même secteur un ruisseau dont le nom attire l'attention : LE HOCMARD. On dirait un dérivé du nom d'homme vieux-breton HaelComarch, qui a donné les noms de famille Augomard, Angomard... Bizarre.

Merci pour les infos !
Un nom d'homme pour un ruisseau, c'est un peu surprenant non ?

Tiens, voici un extrait de la carte IGN : le ruisseau L'HOCMARD passe près du hameau de la HOCMARDIERE :



Il semble bien que ces deux noms soient le souvenir d'un monsieur HOCMARD.

Les hydronymes, comme les noms de sommets, tirent souvent leur nom de strats linguistiques très anciens. Voici donc une autre hypothèse : le ruisseau cristallise une appellation archaïque, avec un nom d'homme (vb HaelComarch ?) sans le suffixe roman -ière, qui peut avoir été ajouté utlérieurement (suffixe très productif à partir du XIIIè siècle) ; d'ailleurs la forme HOCMARDIERE suggère, si c'est bien Haelcomarch que nous avons là, une interprétation d'une finale "arch" prononcée "ar" avec un d non étymologique, par imitation des noms germaniques (Gérard, Bernard, Bouchard, etc). C'est un rhabillage, mais pas forcément du breton vers les langues romanes : tout ceci peut s'être produit dans un milieu strictement roman, avec un nom breton donné par effet de mode.

En substance : ferme et son domaine dénommés HOCMARD d'après le nom de leur propriétaire ou fondateur, puis ajout d'un suffixe -ière au Moyen Age tardif.

Juste à côté on a un cas similaire avec LA GICQUELIERE : nom d'homme vb Iudicael devenu Gicquel, avec un suffixe roman. Ces toponymes ne prouvent en rien l'usage de la langue bretonne dans un lieu donné : ils sont juste le reflet des noms de famille portés au Moyen Age.

sans parler d'effet de mode , çapeut être un homme noble d'une importance notable qui étaitun Breton (au sens bretonnant).(noyé au milieu d'une population romane mais il fat voir qu'à l'époque le Breton dans toute cette zone était le "Parisien" d'aujourd'hui (celui qui a le pouvoir , le Parisien "financier", le Breton de l'époque "peuple conquerant" autant par demographie que par guerre ou politique)

Oui, les noms d'hommes bretons sont apparus en Bretagne romane sous l'influence de bretonnants, du moins à l'origine.

Par la suite, ces noms se sont transmis par mode, sans conservation de la langue bretonne. C'est ainsi que dans le nord de la Haute-Bretagne en particulier, de nombreuses personnes portent des noms bretons alors que leur ancêtres, au moment de la fixation des noms de famille (13è-15è siècles), parlaient gallo : Urvoy, Even, Mainguy, Billy, Gicquel, etc. n'étaient rien d'autre que des prénoms à la mode. Cette mode tardi-médiévale des noms bretons au nord de la Bretagne romane avait été soulignée par le regretté Gwennolé Le Menn.

Ce phénomène est courant : noms germaniques sur tout le domaine roman, et même noms vikings en Normandie (Toutain, Torquetil, Toroude, etc.) encore portés comme prénoms à l'époque de la fixation des noms de familles, alors que les langues concernées n'étaient plus parlées par personne depuis des siècles.

Pour revenir à la Bretagne, seuls les noms de famille du type surnoms prouvent que vos ancêtres vivaient dans un milieu bretonnant au moment de la fixation des noms de famille : Le Bihan, Le Bras, Le Du, Pennec, Marhadour, etc. Ou les noms (de type prénoms) qui ne sont pas influencés par la phonétique romane : Urvoas, Rioualen, Dréhouarn, etc. ; ou bien sûr les noms qui comprennent des éléments du breton parlé : mab, "fils de" (Abiven, Abgrall), suffixes pluriel ou diminutif (Gicquello, Hamonic...). La localisation géographique est évidemment à prendre en compte.

Ca me rappelle que je suis allé voir l'an dernier, dans le cadre du festival Celtomania, une conférence sur la toponymie bretonne du Pays Nantais.

Les toponymes cités étaient uniquement du style La Gicquelière, La Gicquelais, La Billière, La Mainguais, etc., c'est-à-dire de magnifiques toponymes romans formés sur des noms d'homme bretons.
Rappelons qu'un toponyme breton est un nom de lieu de langue bretonne, formé par des gens parlant le breton.

J'en avais honte pour le conférencier -dont je tairai le nom par respect- et, je dois bien l'avouer, je me suis demandé ce que j'étais venu faire là...