Corseul : le village des vaches!
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Corseul : le village des vaches!
CORSEUL : Le village des vaches!
Alors que je cherchais quelques renseignements sur la localité de Corseul sur le site de notre ami Jean-Claude Even, je tombe sur la traduction donnée de Corseul en breton : KERSAOUT. Et là, une fois de plus, je tombe à la renverse.
Oh, rassurez-vous, je ne vais pas me lancer dans une énième diatribe envers l’Ofis ar brezhoneg car, pour le coup il n’y sont pour rien : cette traduction se trouve déjà dans le dictionnaire de Vallée (1907). Quant à savoir où M. Vallée a bien pu aller pêcher ce mot, à moins qu’il ne l’ait lui-même inventé de toute pièce, on ne le saura jamais.
L’étymologie de Corseul est simple. Il s’agit d’une ancienne ville gallo-romaine qui portait le nom latin de Fanum Martis à l’époque. La cité de Fanum Martis était la capitale du peuple gaulois des CORIOSOLITES qui peuplaient une grande partie des actuelles Côtes-d’Armor. De ce fait, Fanum Martis s’appellera à partir du Bas Empire CIUITAS CORIOSOLITORUM : la cité des CORIOSOLITES. C’est de l’élément CORIOSOLITORUM qu’est issu le nom de Corseul.
Dans les diverses chartes du Moyen-âge, on trouve les noms suivants :
AECCLESIA CORSULT vers 869
CORSOLT ou CORSOLTUM en 1084
VILLA CORSOLT en 1123
CORSOT en 1129 – 1163 – 1184
CORSEUT au XIIème siècle
CORSOUT au XIIIème siècle
CORSEULT / CORSOULT au XVème siècle
Que signifie l’ethnonyme gaulois CORIOSOLITES ? Il est formé du mot CORIos (la division d’armée) et du mot SOLITes qui a le sens de veiller, de secourir. Les CORIOSOLITES sont donc « ceux qui veillent sur la division d’armée », « ceux qui secourent la division d’armée.
Quel rapport avec la traduction fantaisiste de KERSAOUT ?
Rappelons ici que KER vient du celtique CATAIRA : la forteresse. Ce mot a donné l’irlandais CATHAIR (ville fortifiée), le gallois CAER et le vieux breton CAER. Quant à SAOUT, ce mot vient du latin SOLIDUS, mot qui désignait une « monnaie solide », mot qui a donné le français « sou ». Il faut croire qu’il fut une époque en Bretagne où la seule monnaie solide était d’avoir un troupeau de vaches. D’où le glissement de sens opéré en breton.
Alors je répète ma question : Quel rapport y a-t-il entre « ceux qui veillent sur la division d’armée » et « la forteresse de la monnaie solide » ?
Un coup d’œil sur le dictionnaire de Favereau pour voir qu’il traduit en breton CORSEUL par « idem ». Et je crois qu’il vaut mieux en rester là et ne pas se lancer dans des traductions farfelues qui sentent la blague de carabin. En respectant la prononciation locale en gallo, on pourrait tout simplement écrire KORSEU en breton.
En tout cas, on ne s’étonnera pas d’une nouvelle levée de boucliers anti-breton, dans le cas où il viendrait à l’idée au maire de Corseul de vouloir mettre une signalisation bilingue à l’entrée de la localité et dans le cas où il se verrai conseiller par l’Ofis de mettre le ridicule KERSAOUT.
Quant à ceux qui disent : "Mais c'est une forme traditionnelle, c'est dans le dictionnaire de Vallée de 1907", je dirai : "Ce n'est pas parce que quelqu'un écrit une connerie en 1907, que ça devient en 2009 une vérité. Le gros problème en matière de toponymie et d'étymologie, c'est que pendant tout le XXème siècle, les "chercheurs" se sont contentés de reprendre les conneries écrites au XIXème siècle, sans vérifier, sans se poser des questions. Et à force de rabâcher les mêmes conneries, celles-ci deviennent des "traditions"!
Alors que je cherchais quelques renseignements sur la localité de Corseul sur le site de notre ami Jean-Claude Even, je tombe sur la traduction donnée de Corseul en breton : KERSAOUT. Et là, une fois de plus, je tombe à la renverse.
Oh, rassurez-vous, je ne vais pas me lancer dans une énième diatribe envers l’Ofis ar brezhoneg car, pour le coup il n’y sont pour rien : cette traduction se trouve déjà dans le dictionnaire de Vallée (1907). Quant à savoir où M. Vallée a bien pu aller pêcher ce mot, à moins qu’il ne l’ait lui-même inventé de toute pièce, on ne le saura jamais.
L’étymologie de Corseul est simple. Il s’agit d’une ancienne ville gallo-romaine qui portait le nom latin de Fanum Martis à l’époque. La cité de Fanum Martis était la capitale du peuple gaulois des CORIOSOLITES qui peuplaient une grande partie des actuelles Côtes-d’Armor. De ce fait, Fanum Martis s’appellera à partir du Bas Empire CIUITAS CORIOSOLITORUM : la cité des CORIOSOLITES. C’est de l’élément CORIOSOLITORUM qu’est issu le nom de Corseul.
Dans les diverses chartes du Moyen-âge, on trouve les noms suivants :
AECCLESIA CORSULT vers 869
CORSOLT ou CORSOLTUM en 1084
VILLA CORSOLT en 1123
CORSOT en 1129 – 1163 – 1184
CORSEUT au XIIème siècle
CORSOUT au XIIIème siècle
CORSEULT / CORSOULT au XVème siècle
Que signifie l’ethnonyme gaulois CORIOSOLITES ? Il est formé du mot CORIos (la division d’armée) et du mot SOLITes qui a le sens de veiller, de secourir. Les CORIOSOLITES sont donc « ceux qui veillent sur la division d’armée », « ceux qui secourent la division d’armée.
Quel rapport avec la traduction fantaisiste de KERSAOUT ?
Rappelons ici que KER vient du celtique CATAIRA : la forteresse. Ce mot a donné l’irlandais CATHAIR (ville fortifiée), le gallois CAER et le vieux breton CAER. Quant à SAOUT, ce mot vient du latin SOLIDUS, mot qui désignait une « monnaie solide », mot qui a donné le français « sou ». Il faut croire qu’il fut une époque en Bretagne où la seule monnaie solide était d’avoir un troupeau de vaches. D’où le glissement de sens opéré en breton.
Alors je répète ma question : Quel rapport y a-t-il entre « ceux qui veillent sur la division d’armée » et « la forteresse de la monnaie solide » ?
Un coup d’œil sur le dictionnaire de Favereau pour voir qu’il traduit en breton CORSEUL par « idem ». Et je crois qu’il vaut mieux en rester là et ne pas se lancer dans des traductions farfelues qui sentent la blague de carabin. En respectant la prononciation locale en gallo, on pourrait tout simplement écrire KORSEU en breton.
En tout cas, on ne s’étonnera pas d’une nouvelle levée de boucliers anti-breton, dans le cas où il viendrait à l’idée au maire de Corseul de vouloir mettre une signalisation bilingue à l’entrée de la localité et dans le cas où il se verrai conseiller par l’Ofis de mettre le ridicule KERSAOUT.
Quant à ceux qui disent : "Mais c'est une forme traditionnelle, c'est dans le dictionnaire de Vallée de 1907", je dirai : "Ce n'est pas parce que quelqu'un écrit une connerie en 1907, que ça devient en 2009 une vérité. Le gros problème en matière de toponymie et d'étymologie, c'est que pendant tout le XXème siècle, les "chercheurs" se sont contentés de reprendre les conneries écrites au XIXème siècle, sans vérifier, sans se poser des questions. Et à force de rabâcher les mêmes conneries, celles-ci deviennent des "traditions"!
le córór de noetaéy- Messages : 447
Date d'inscription : 22/02/2008
Age : 70
Localisation : Kreiz-Breizh
Re: Corseul : le village des vaches!
+1
là c'est effectivement et clairement "grand guignolesque" cette traduction.
là c'est effectivement et clairement "grand guignolesque" cette traduction.
Re: Corseul : le village des vaches!
Merci Tugdu. J'aurais bien aimé également avoir l'avis sur la question du spécialiste en toponymie qu'est ArBarzh.
le córór de noetaéy- Messages : 447
Date d'inscription : 22/02/2008
Age : 70
Localisation : Kreiz-Breizh
Re: Corseul : le village des vaches!
Oulàlà, spécialiste en toponymie c'est vite dit : je dirais plutôt pilleur en chef des travaux intéressants !
Quoi qu'il en soit, concernant Corseul il n'y a évidemment aucun rapport entre les formes anciennes et la supposée forme bretonne.
Maintenant la seule question qu'on peut se poser, c'est de savoir s'il existe (ou a existé) une forme orale bretonne *Kersaout formée par attraction du breton Kêr. Le dictionnaire de Vallée n'est pas une preuve, il faudrait plutôt aller voir du côté des bretonnants traditionnels du Goëlo ou du Trégor.
En vannetais de Sarzeau on a par exemple une confusion non étymologique entre les noms de Rennes (Riedones) et Rouen (Rotomagos) >
Rennes : Roan Doar (Rennes de la terre)
Rouen : Roan Mor (Rennes de la mer ; cocasse parce que Rouen est à 100 bornes de la mer ; ceci dit j'imagine qu'on s'y rendait de Sarzeau par voie maritime)
Voir la carte de l'ALBB du nom de Rennes : http://sbahuaud.free.fr/ALBB/Kartenn-544.jpg
Alors confondre Cor avec Kêr, pourquoi pas ? Les parlers locaux sont coutumiers des étymologies populaires et des rapprochements phonétiques bidons.
Quoi qu'il en soit, concernant Corseul il n'y a évidemment aucun rapport entre les formes anciennes et la supposée forme bretonne.
Maintenant la seule question qu'on peut se poser, c'est de savoir s'il existe (ou a existé) une forme orale bretonne *Kersaout formée par attraction du breton Kêr. Le dictionnaire de Vallée n'est pas une preuve, il faudrait plutôt aller voir du côté des bretonnants traditionnels du Goëlo ou du Trégor.
En vannetais de Sarzeau on a par exemple une confusion non étymologique entre les noms de Rennes (Riedones) et Rouen (Rotomagos) >
Rennes : Roan Doar (Rennes de la terre)
Rouen : Roan Mor (Rennes de la mer ; cocasse parce que Rouen est à 100 bornes de la mer ; ceci dit j'imagine qu'on s'y rendait de Sarzeau par voie maritime)
Voir la carte de l'ALBB du nom de Rennes : http://sbahuaud.free.fr/ALBB/Kartenn-544.jpg
Alors confondre Cor avec Kêr, pourquoi pas ? Les parlers locaux sont coutumiers des étymologies populaires et des rapprochements phonétiques bidons.
Ar Barzh- Messages : 775
Date d'inscription : 26/02/2008
Age : 53
Localisation : Bro Naoned
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