LANDIEUL en Herbignac (44) : "La lande du diable" !!

Pour aborder les fêtes de fin d'année dans la joie et la bonne humeur, amusons-nous à démonter une légende toponymique à sensation : LANDIEUL, village de potiers de la commune d'Herbignac en pays guérandais, viendrait du breton Lann (en) diaoul et signifierait donc "la lande du diable" !
Terrifiant ! Un lieu à éviter sur la route des vacances...

L'infatigable Gildas Buron a étudié ce nom et a produit les formes anciennes suivantes datées de 1412 : Landieule, Landeule et Lendeule. Las, pas de diaoul là-dedans, mais un deul bien anodin qui n'est autre que la forme mutée du breton teul, variante méridionale de teol, "tuile".

C'est trop injuste : Landieul n'est qu'une vulgaire lande de la tuile, et Belzebuth se voit relégué au rôle de couvreur tandis qu'on imaginait un mystère celtique peuplé de druides et de créatures malfaisantes s'affrontant, au son de la harpe bardique, les nuits de pleine lune au pied d'un dolmen... La toponymie est si peu romantique quand même. Soyons beaux joueurs et admettons que pour un village de potiers, ça se tient : que ce soit pour faire des tuiles ou des poteries, il faut le même matériau.

Source : Gildas Buron, Onomastique guérandaise, "Les cahiers du pays de Guérande" n° 36 1995, p. 33.

Casseur de mythes ;-)

Il faudrait dire à Armen (vieil article sur les potiers d'herbignac) quand ils s'abaissent à venir en Loire-inférieure qu'il se renseigne un peu mieux sur ce quils peuvent ecrire !

et si ils venaient sur le terrain au lieu d'ecrire des articles de douarnenez ?

allez c'est pour rire si les armen's passent ici ;-)

Face à ce genre de légendes, il suffit de penser que la toponymie a deux valeurs principales : la description et l'attribution.

Description d'une terre, d'une colline, d'une lande comme c'est le cas ici, où on ajoute la qualificatif teul, tuile pour préciser de quelle lande on parle : les gens d'Herbignac devaient très bien savoir au Moyen Age sur quelle lande on trouvait de la tuile.

Attribution d'une parcelle, d'un champ, d'un clos, d'un hameau : c'est pourquoi ces derniers sont très souvents suivis de noms d'hommes (c'est le cas pour la très grande majorité des noms en Ker).

En aucun cas, sauf exceptions rarissimes et à prouver, la toponymie ne peut avoir de cractère "sensationnel" : la toponymie de la forêt de Paimpont le confirme, puisqu'au XIXè s. le "Val Sans Retour" s'appelait Vallée de Gurvant (je possède une carte postale du début du XXè s. qui porte encore cette appellation), le dolmen dit aujourd'hui "Hôtié de Viviane" Le Puits Sainte-Catherine, etc. Ces noms sont des inventions pures et simples dont le principal mérite est de faire rêver les touristes et les amateurs d'heroic fantasy.

Les noms du type Trou du Diable, Trou d'Enfer, Table du Diable, etc. existent bien mais ils ont une valeur symbolique : ils désignent des lieux dangereux ou peu accueillants, souvent des failles dans des rochers ; Landieul n'a évidemment rien d'un lieu hostile. On pensera aussi au Yeun Ellez (marais d'enfer) dans les Monts d'Arrée.

Pour ce qui est des noms de lieux à réelle valeur mythologique c'est tout autre chose : en toponymie romane existe une série récurrente avec le personnage de Gargrantua souvent attaché à des mégalithes, ou encore la série des Mont Goguet qui font référence à de probables lieux de culte très anciens, dont celui de Nantes ; en toponymie bretonne ce sont les korrigans et autres kerioned. Les noms de saints peuvent aussi avoir une valeur mythologique dans certains cas.

Ceux qui sont intéressés par ce sujet peuvent lire les différents numéros de la Revue de mythologie française : pour le Pays Nantais, M. Jean-Paul Lelu a écrit nombre d'articles très intéressants dont un qui révèle le caractère mythologique -et celtique- du Lac de Grandlieu, probable lac de Grannos. Comme quoi les toponymes à sensation ne sont pas toujours là où on les attend.

Ce que tu dis est tout à fait exact. Beaucoup de toponymistes du dimanche aimerait voir des significations spectaculaires ou legendaires à des denominations somme toutes descriptives.

En fait nos ancetres etaient aussi precis en quelque sorte que nos numeros de rue , noms de rue ....

Pour illustrer le propos de straductions et interpretations imaginatives , dans mon coin d'origine(pays de mûr) il y avait un "kerivaland" que certains traduisaient comme "le village du roi vaillant" (lol)
et aussi "le quillio"

(" ça vient qu'on jouait beaucoup aux quilles dans le temps")