Toponymie des voies antiques et médiévales
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Toponymie des voies antiques et médiévales
Les itinéraires anciens comportent chez nous des voies gauloises réaménagées par les Romains, des voies romaines à proprement parler, ainsi que des chemins médiévaux réutilisant le plus souvent des voies antiques. Seules artères du pays pendant de longs siècles, voies de communication mais aussi de commerce contrôlées par le pouvoir, ces chemins gardent le souvenir des sociétés anciennes : postes de surveillance, nécropoles, relais, auberges, péages, établissements religieux et hôpitaux y furent installés. Ils se sont vus attribuer une toponymie spécifique, bien reconnaissable de nos jours.
Voici quelques-uns de ces noms qui font encore partie de notre paysage toponymique familier :
LA STREE (et variantes Estrée, l'Astrée, Etrée, Létra, Le Strat/Ar Strat...) : voir le fil dédié à ce mot. De (via) STRATA (voie pavée), désigne une voie le plus souvent romaine. A Vertou près de Nantes, une rue de La Strée débouche sur la route de Clisson, ancienne voie de Nantes à Poitiers.
LA VIOLETTE (variante la Vialatte) : du latin VIA LATTA (voie dallée). Ce toponyme peut aussi désigner la fleur du même nom, bien sûr (les Violettes). A Nantes, le quartier de Launay-Violette est situé sur le passage présumé de la voie de Nantes à Blain.
LA VOIE, LA VEE (de VIA), et autres dérivés de Via. A prendre avec des pincettes, mais peut déisgner un chemin très ancien. Mauves-sur-Loire (44), sur la voie Nantes-Angers, serait une mala via ou mauvaise voie. On notera les noms Pont-Veix et Couaveix à Conquereuil (44), à prononcer Ponvé et Couavé, près de vestiges magnifiques de la voie Blain-Rennes.
LE PAVE : a manier avec prudence ! Un pavé n'a ien de spécifiquement romain (cf. mai 68 ). De plus, contrairement à une idée reçue, les voie romaines n'étaient pavées qu'en zones urbaines ou humides. Le plus souvent, elles étaient empierrées et recouvertes de terre ou de cailloux servant de couche de roulement. Un vulgaire chemin rural en somme.
AHE (du latin accessum, voie d'accès) : ce nom est particulièrement associé à la voie romaine Rennes-Carhaix, nommée chemin Ahé. Par déformation populaire, Ahé est devenu un personnage mythique féminin.
LA BOISSIERE (et dérivés Bouxière, Bouëxière, Bouessière..., breton Beuzit) : les Romains vouaient un véritable culte au buis (latin buxus), qu'ils plantaient en quantité dans leurs lieux de résidence. On a remarqué que ces toponymes sont souvent associés à des chemins anciens, et que des fouilles y révèlent presque toujours un établissement gallo-romain (cf. La Boissière à Morlaix, 29).
LA MILLIERE, MILLAIS, ... : sont des noms donnés aux bones milliaires placées le long des voies. Attention à la confusion avec MIL, nom d'une céréale. A Nantes, le quartier de PIRMIL où passaient des voies romaines semble tirer son nom de PIERRE MILLE, et donc avoir ce sens précis. On considérera avec autant de prudence les noms comme LA BORNE, qui peuvent désigner une borne milliaire comme une simple limite de champs ou de commune. La seule borne millaire encore en place en Loire-Atlantique, à Treillières, était appelée Croix des Brillats par les paysans locaux (car christianisée) : pas de borne là-dedans !
LA LOUEE : semble être en certains cas un dérivé de LIEUE, unité de mesure des itinéraires sur les voies.
MUZON, (Muizon, Musson...) du latin Mutatio, relais. C'était un relais pour voyageurs sur les voies romaines.
LE CHATELIER : comme le précedent, c'est une appellation d'époque antique. Châtelier, qui désigne un lieu fortifié, vient du bas-latin castellarum, diminutif de castellum, lui-même diminutif de castrum (!). L'indice d'ancienneté est que les langues romanes n'ont pas conservé ce mot, mais seulement des dérivés de castellum. Les lieux-dits Le Châtelier révèlent presque toujours des vestiges gallo-romains.
CASTRE, CHATRE (latin castrum) : places fortes souvent situées en bordure des voies.
LE CHATEAU, LE VIEUX CHATEAU, CHATILLON, CHATELET (breton Le Castel, Castel-Coz, Castellic) : places fortes comme précédemment. CHATEAU-GAILLARD serait une appellation associée à des vestiges très anciens. Dans le même genre, on retiendra LA VEILLE COUR, LA HAUTE COUR, LA BASTILLE, LA MOTTE (motte médiévale), LA SALLE. En langue bretonne, les composés en LIS, LES comme HENLEZ (veille cour, cf. HENLEIX à Saint-Nazaire) sont également un indice d'ancienneté d'un chemin si placés dessus.
LE GRAND CHEMIN (en breton Hent Bras) : désigne très souvent des voies anciennes, mais ne permet pas une datation. Ce peut être une voie médiévale et non romaine.
LE HAUT CHEMIN : c'est un chemin élevé par rapport au niveau du sol, donc parfois une voie romaine. On notera aussi les appelations du style CHEMIN FERRE (=chemin solide, permettant le passage des attelages), CHEMIN DE CESAR, CHEMIN ROYAL, CHEMIN DES DUCS, CHEMIN DE LA DUCHESSE ANNE, CHEMIN BRETON, CHEMIN DE GUERRE, CHEMIN DES ANGLAIS, CHEMIN SAUNIER, CHEMIN BOUVIER, CHEMIN NANTAIS, etc, qui font référence à des événements ou personnages historiques, des activités commerciales ainsi que des villes de destination.
LA LEVEE : désigne comme Haut-Chemin une voie surélevée. Peut parfois désigner une voie romaine, comme en Loire-Atlantique la Levée de Saumur, chemin qui rejoint Blain via Pannecé.
LA CHAUSSEE : à prendre avec grande prudence. Désigne parfois une voie romaine, mais le plus souvent une chaussée récente sur un plan d'eau. A noter le toponyme CAUSSAC près de Nantes, qui semble bien être une appellation d'époque antique pour une chaussée.
LE MARTRAY (et variante Mortray) désigne une cimetière médiéval, le plus souvent situé en sortie de le ville sur un chemin ancien. Les nécropoles ont toujours été placées ainsi, depuis l'époque romaine au moins. A Nantes l'archéologie l'a confirmé : au XIXe siècle on a retouvé la voie romaine Nantes-Vannes dans le cimetière de Miséricorde (près de la Rue des Hauts Pavés), et celle de Nantes à Angers dans une rue menant au cimetière de l'église Saint-Donatien.
LA POTERIE : ce sont des lieux où l'on trouvait des débris de poteries, briques, tuiles gallo-romaines.
LA FERRIERE : lieux très anciens d'extraction du fer. Ca fait un bout de temps qu'on ne pratique plus cette activité par chez nous.
LE TEMPLE, LA TEMPLERIE : établissements de templiers. Ceux-ci étaient très présents sur les chemins anciens. Voir Le Temple-de-Bretagne sur la voie Nantes-Vannes par Férel.
Toponymes en GUE, en NOYER ou NOYE : les voies romaines passaient les petits cours d'eau par des gués. Dans notre région, l'ajectif noyé est le plus souvent associé à ces gués anciens : gué de PONT NOYER à Couffé (44) sur la voie romaine Nantes-Angers. A noter aussi le GUE OVE sur l'itinéraire Nantes-Pornic (= le gué au vé = le gué de la voie).
L'HOPITAU : établissements d'hospitaliers de Saint-Jean.
LA CROIX ROUGE, LA CROIX BLANCHE, LA CROIX VERTE (et Croas-Ru, Croas-Guen) : ces toponymes médiévaux sont presque toujours situés sur des chemins anciens. Nos routes nationales, souvent héritière des voies romaines, en sont littéralement truffées. La signification des adjectifs rouge, blanche, verte... fait encore débat. Croix rouges du fait des templiers (les "moines rouges") ? Croix blanche du fait des cisterciens (les "moines blancs") ? Difficile à dire : selon des témloignages du XIXe siècle, la croix rouge était simplement l'emblème d'hôtelleries routières. Quant à la croix verte, c'est encore aujourd'hui le sigle des pharmacies. Emblème ancien de maisons de soins pour voyageurs malades sur les chemins médiévaux ?
Ces couleurs réapparaissent dans :
LA MAISON BLANCHE, LA MAISON ROUGE, LA MAISON VERTE (Ti-Guen et Ti-Ru en Basse-Bretagne). Encore un grand classique de nos nationales. Même débat que pour les "Croix" + couleur... Hôtelleries routières peintes en rouge ou blanc, maisons de soins peintes en vert ?
LE CHEMIN BLANC, LE CHEMIN ROUGE, LE CHEMIN VERT : troisième de la série.
En bordure des voies anciennes, ces trois couleurs se retrouvent associées à bien d'autres noms, ce qui rend l'affaire encore plus mystérieuse : LE MOULIN ROUGE, LE CHAPEAU ROUGE, LE CHATEAU ROUGE, LA SALLE VERTE (salle = château), LA VILLE BLANCHE ... On notera aussi des noms comme LA VERDIERE en bordure de plusieurs voies.
LA MALADERIE ou MALADRERIE : établissements médiévaux réservés aux malades de la lèpre, témoins des grandes épidémies.
LA MADELEINE : cousin du précédent, très fréquent le long des routes anciennees. Sainte Madeleine était une sainte guérisseuse, choisie comme protectrice des léproseries médiévales.
LA JUSTICE : nom des gibets où l'on pendait les condamnés à mort, presque toujours en bordure de routes.
LA BELLE ETOILE : étoile dasn ce cas semble dériver du latin STABULA, étable. Ce devaient être des relais de chevaux.
SAINT JULIEN : c'était au moyen-âge le patron des pélerins. Son nom le long des routes est donc un indice précieux d'initéraire médiéval. On notera la présence d'une fontaine Saint-Julien à Mouzillon (44), à cent mètres d'un pont gallo-romain. Cela démontre la réutilisation au moyen-âge des itinéraires antiques ; ici en l'occurence c'était une des routes allant à Saint-Jacques de compostelle, pélerinage le plus célèbre au moyen-âge. Par conséquent SAINT JACQUES est aussi très présent le long des routes médiévales (la rue Saint-Jacques à Paris est une ancienne voie romaine). Noter aussi SAINT JEAN, SAINT GILLES, SAINT ANDRE.
Il faut retenir de ces exemples qu'un toponyme ne peut pas permettre la datation d'un chemin : c'est l'archéologie qui a le dernier mot. La seule certitude, dans bien des cas, est d'avoir affaire à un itinéraire médiéval car la toponymie associée date de cette période. Seules des appellations comme STREE, AHE, VIOLETTE, MUZON, sont d'époque antique et désignent presque certainement une voie romaine, et dans une moindre mesure CHATELIER, BOISSIERE s'ils sont sur une route ancienne. Par contre LA CHAUSSEE ou LA PAVE sont presque systématiquement à écarter pour désigner les voies romaines, sauf quand ils sont associés à d'autres noms révélateurs.
Voici quelques-uns de ces noms qui font encore partie de notre paysage toponymique familier :
LA STREE (et variantes Estrée, l'Astrée, Etrée, Létra, Le Strat/Ar Strat...) : voir le fil dédié à ce mot. De (via) STRATA (voie pavée), désigne une voie le plus souvent romaine. A Vertou près de Nantes, une rue de La Strée débouche sur la route de Clisson, ancienne voie de Nantes à Poitiers.
LA VIOLETTE (variante la Vialatte) : du latin VIA LATTA (voie dallée). Ce toponyme peut aussi désigner la fleur du même nom, bien sûr (les Violettes). A Nantes, le quartier de Launay-Violette est situé sur le passage présumé de la voie de Nantes à Blain.
LA VOIE, LA VEE (de VIA), et autres dérivés de Via. A prendre avec des pincettes, mais peut déisgner un chemin très ancien. Mauves-sur-Loire (44), sur la voie Nantes-Angers, serait une mala via ou mauvaise voie. On notera les noms Pont-Veix et Couaveix à Conquereuil (44), à prononcer Ponvé et Couavé, près de vestiges magnifiques de la voie Blain-Rennes.
LE PAVE : a manier avec prudence ! Un pavé n'a ien de spécifiquement romain (cf. mai 68 ). De plus, contrairement à une idée reçue, les voie romaines n'étaient pavées qu'en zones urbaines ou humides. Le plus souvent, elles étaient empierrées et recouvertes de terre ou de cailloux servant de couche de roulement. Un vulgaire chemin rural en somme.
AHE (du latin accessum, voie d'accès) : ce nom est particulièrement associé à la voie romaine Rennes-Carhaix, nommée chemin Ahé. Par déformation populaire, Ahé est devenu un personnage mythique féminin.
LA BOISSIERE (et dérivés Bouxière, Bouëxière, Bouessière..., breton Beuzit) : les Romains vouaient un véritable culte au buis (latin buxus), qu'ils plantaient en quantité dans leurs lieux de résidence. On a remarqué que ces toponymes sont souvent associés à des chemins anciens, et que des fouilles y révèlent presque toujours un établissement gallo-romain (cf. La Boissière à Morlaix, 29).
LA MILLIERE, MILLAIS, ... : sont des noms donnés aux bones milliaires placées le long des voies. Attention à la confusion avec MIL, nom d'une céréale. A Nantes, le quartier de PIRMIL où passaient des voies romaines semble tirer son nom de PIERRE MILLE, et donc avoir ce sens précis. On considérera avec autant de prudence les noms comme LA BORNE, qui peuvent désigner une borne milliaire comme une simple limite de champs ou de commune. La seule borne millaire encore en place en Loire-Atlantique, à Treillières, était appelée Croix des Brillats par les paysans locaux (car christianisée) : pas de borne là-dedans !
LA LOUEE : semble être en certains cas un dérivé de LIEUE, unité de mesure des itinéraires sur les voies.
MUZON, (Muizon, Musson...) du latin Mutatio, relais. C'était un relais pour voyageurs sur les voies romaines.
LE CHATELIER : comme le précedent, c'est une appellation d'époque antique. Châtelier, qui désigne un lieu fortifié, vient du bas-latin castellarum, diminutif de castellum, lui-même diminutif de castrum (!). L'indice d'ancienneté est que les langues romanes n'ont pas conservé ce mot, mais seulement des dérivés de castellum. Les lieux-dits Le Châtelier révèlent presque toujours des vestiges gallo-romains.
CASTRE, CHATRE (latin castrum) : places fortes souvent situées en bordure des voies.
LE CHATEAU, LE VIEUX CHATEAU, CHATILLON, CHATELET (breton Le Castel, Castel-Coz, Castellic) : places fortes comme précédemment. CHATEAU-GAILLARD serait une appellation associée à des vestiges très anciens. Dans le même genre, on retiendra LA VEILLE COUR, LA HAUTE COUR, LA BASTILLE, LA MOTTE (motte médiévale), LA SALLE. En langue bretonne, les composés en LIS, LES comme HENLEZ (veille cour, cf. HENLEIX à Saint-Nazaire) sont également un indice d'ancienneté d'un chemin si placés dessus.
LE GRAND CHEMIN (en breton Hent Bras) : désigne très souvent des voies anciennes, mais ne permet pas une datation. Ce peut être une voie médiévale et non romaine.
LE HAUT CHEMIN : c'est un chemin élevé par rapport au niveau du sol, donc parfois une voie romaine. On notera aussi les appelations du style CHEMIN FERRE (=chemin solide, permettant le passage des attelages), CHEMIN DE CESAR, CHEMIN ROYAL, CHEMIN DES DUCS, CHEMIN DE LA DUCHESSE ANNE, CHEMIN BRETON, CHEMIN DE GUERRE, CHEMIN DES ANGLAIS, CHEMIN SAUNIER, CHEMIN BOUVIER, CHEMIN NANTAIS, etc, qui font référence à des événements ou personnages historiques, des activités commerciales ainsi que des villes de destination.
LA LEVEE : désigne comme Haut-Chemin une voie surélevée. Peut parfois désigner une voie romaine, comme en Loire-Atlantique la Levée de Saumur, chemin qui rejoint Blain via Pannecé.
LA CHAUSSEE : à prendre avec grande prudence. Désigne parfois une voie romaine, mais le plus souvent une chaussée récente sur un plan d'eau. A noter le toponyme CAUSSAC près de Nantes, qui semble bien être une appellation d'époque antique pour une chaussée.
LE MARTRAY (et variante Mortray) désigne une cimetière médiéval, le plus souvent situé en sortie de le ville sur un chemin ancien. Les nécropoles ont toujours été placées ainsi, depuis l'époque romaine au moins. A Nantes l'archéologie l'a confirmé : au XIXe siècle on a retouvé la voie romaine Nantes-Vannes dans le cimetière de Miséricorde (près de la Rue des Hauts Pavés), et celle de Nantes à Angers dans une rue menant au cimetière de l'église Saint-Donatien.
LA POTERIE : ce sont des lieux où l'on trouvait des débris de poteries, briques, tuiles gallo-romaines.
LA FERRIERE : lieux très anciens d'extraction du fer. Ca fait un bout de temps qu'on ne pratique plus cette activité par chez nous.
LE TEMPLE, LA TEMPLERIE : établissements de templiers. Ceux-ci étaient très présents sur les chemins anciens. Voir Le Temple-de-Bretagne sur la voie Nantes-Vannes par Férel.
Toponymes en GUE, en NOYER ou NOYE : les voies romaines passaient les petits cours d'eau par des gués. Dans notre région, l'ajectif noyé est le plus souvent associé à ces gués anciens : gué de PONT NOYER à Couffé (44) sur la voie romaine Nantes-Angers. A noter aussi le GUE OVE sur l'itinéraire Nantes-Pornic (= le gué au vé = le gué de la voie).
L'HOPITAU : établissements d'hospitaliers de Saint-Jean.
LA CROIX ROUGE, LA CROIX BLANCHE, LA CROIX VERTE (et Croas-Ru, Croas-Guen) : ces toponymes médiévaux sont presque toujours situés sur des chemins anciens. Nos routes nationales, souvent héritière des voies romaines, en sont littéralement truffées. La signification des adjectifs rouge, blanche, verte... fait encore débat. Croix rouges du fait des templiers (les "moines rouges") ? Croix blanche du fait des cisterciens (les "moines blancs") ? Difficile à dire : selon des témloignages du XIXe siècle, la croix rouge était simplement l'emblème d'hôtelleries routières. Quant à la croix verte, c'est encore aujourd'hui le sigle des pharmacies. Emblème ancien de maisons de soins pour voyageurs malades sur les chemins médiévaux ?
Ces couleurs réapparaissent dans :
LA MAISON BLANCHE, LA MAISON ROUGE, LA MAISON VERTE (Ti-Guen et Ti-Ru en Basse-Bretagne). Encore un grand classique de nos nationales. Même débat que pour les "Croix" + couleur... Hôtelleries routières peintes en rouge ou blanc, maisons de soins peintes en vert ?
LE CHEMIN BLANC, LE CHEMIN ROUGE, LE CHEMIN VERT : troisième de la série.
En bordure des voies anciennes, ces trois couleurs se retrouvent associées à bien d'autres noms, ce qui rend l'affaire encore plus mystérieuse : LE MOULIN ROUGE, LE CHAPEAU ROUGE, LE CHATEAU ROUGE, LA SALLE VERTE (salle = château), LA VILLE BLANCHE ... On notera aussi des noms comme LA VERDIERE en bordure de plusieurs voies.
LA MALADERIE ou MALADRERIE : établissements médiévaux réservés aux malades de la lèpre, témoins des grandes épidémies.
LA MADELEINE : cousin du précédent, très fréquent le long des routes anciennees. Sainte Madeleine était une sainte guérisseuse, choisie comme protectrice des léproseries médiévales.
LA JUSTICE : nom des gibets où l'on pendait les condamnés à mort, presque toujours en bordure de routes.
LA BELLE ETOILE : étoile dasn ce cas semble dériver du latin STABULA, étable. Ce devaient être des relais de chevaux.
SAINT JULIEN : c'était au moyen-âge le patron des pélerins. Son nom le long des routes est donc un indice précieux d'initéraire médiéval. On notera la présence d'une fontaine Saint-Julien à Mouzillon (44), à cent mètres d'un pont gallo-romain. Cela démontre la réutilisation au moyen-âge des itinéraires antiques ; ici en l'occurence c'était une des routes allant à Saint-Jacques de compostelle, pélerinage le plus célèbre au moyen-âge. Par conséquent SAINT JACQUES est aussi très présent le long des routes médiévales (la rue Saint-Jacques à Paris est une ancienne voie romaine). Noter aussi SAINT JEAN, SAINT GILLES, SAINT ANDRE.
Il faut retenir de ces exemples qu'un toponyme ne peut pas permettre la datation d'un chemin : c'est l'archéologie qui a le dernier mot. La seule certitude, dans bien des cas, est d'avoir affaire à un itinéraire médiéval car la toponymie associée date de cette période. Seules des appellations comme STREE, AHE, VIOLETTE, MUZON, sont d'époque antique et désignent presque certainement une voie romaine, et dans une moindre mesure CHATELIER, BOISSIERE s'ils sont sur une route ancienne. Par contre LA CHAUSSEE ou LA PAVE sont presque systématiquement à écarter pour désigner les voies romaines, sauf quand ils sont associés à d'autres noms révélateurs.
Dernière édition par Ar Barzh le Jeu 1 Mai - 15:11, édité 4 fois
Ar Barzh- Messages : 775
Date d'inscription : 26/02/2008
Age : 53
Localisation : Bro Naoned
Re: Toponymie des voies antiques et médiévales
Petit exercice pratique : amusons-nous à suivre la voie romaine de Nantes à Poitiers au sortir de Nantes.
On part de la Place du Change, qui était le point zéro des voies nantaises, le lieu de croisement des deux axes principaux de toute ville cadastrée par les Romains, à savoir le decumanus maximus (axe est-ouest) et le cardo maximus (axe nord-sud).
On s'engage dans la rue de la Paix pour emprunter le cardo maximus vers le sud : après quelques centaines de mètres, on croise l'allée de la MAISON ROUGE avant de s'engager sur la CHAUSSEE DE LA MADELEINE.
Arrivé à PIRMIL (Pierre Mille) sur la rive sud de la Loire, on s'engage à gauche en passant à SAINT JACQUES pour emprunter la voie de Poitiers proprement dite, l'actuelle route de Clisson.
Après environ deux kilomètres, on croise sur le territoire de Vertou la rue de LA STREE après avoir longé LES PATIS VERTS. On longe ensuite LA VILLE AU BLANC.
En entrant sur le territoire de Haute-Goulaine, on passe LA LOUEE puis LES HAUTES BORNES, LA LANDE SAINT-MARTIN et LES FERRIERES. On arrive ensuite à CHATEAU-GAILLARD, puis à LA POTERIE.
Voici une pêche fructueuse réalisée sur quelques kilomètres seulement, et sans l'aide du cadastre qui donnerait plein d'autres noms typiques (genre : la pièce du Grand Chemin, etc).
La voie romaine de Nantes à Angers n'est pas moins révélatrice (route Nationale 23 à peu de choses près). On repart de la place du Change par la rue de Verdun. La voie romaine passe sous la porte Saint-Pierre, où elle a été reconnue par les archéologues du XIXe siècle.
La voie bifurque un peu plus loin par la rue SAINT DONATIEN (martyre nantais du IIIe siècle), où ses vestiges ont également été vus, puis entre dans le cimetière de l'église du même nom, où se trouve la chapelle SAINT ETIENNE (Ve siècle), villa de l'antiquité tardive reconvertie.
Après avoir repris la RN 23, on croise en sortant de Nantes le boulevard périphérique au lieu-dit LE CHEMIN ROUGE. On entre sur le territoire de Carquefou par LA NOE BLANCHE et LES BORNES, et on croise ensuite LA MADELEINE, LA CHAUSSEE, LE VIEUX GRAND CHEMIN, LA BELLE ETOILE, LE CHEMIN NANTAIS, SAINT-ANDRE.
Plus loin, à partir de Mauves-sur-Loire, on passe par LA VERDIERE et LA SALLE VERTE, LE MORTRAY, LA MAISON BLANCHE.
Quelques kilomètres plus loin, la voie romaine quitte la route nationale au lieu-dit LA MALADERIE, pour plonger vers le gué de PONT-NOYER et VIEILLE-COUR sur la commune de Couffé.
Un vrai festival !
Ce qui est génial avec la toponymie, c'et qu'on ne s'ennuie jamais en faisant de la route, surtout sur de bonnes vieilles nationales avec tout plein de toponymes bien bien anciens .
On part de la Place du Change, qui était le point zéro des voies nantaises, le lieu de croisement des deux axes principaux de toute ville cadastrée par les Romains, à savoir le decumanus maximus (axe est-ouest) et le cardo maximus (axe nord-sud).
On s'engage dans la rue de la Paix pour emprunter le cardo maximus vers le sud : après quelques centaines de mètres, on croise l'allée de la MAISON ROUGE avant de s'engager sur la CHAUSSEE DE LA MADELEINE.
Arrivé à PIRMIL (Pierre Mille) sur la rive sud de la Loire, on s'engage à gauche en passant à SAINT JACQUES pour emprunter la voie de Poitiers proprement dite, l'actuelle route de Clisson.
Après environ deux kilomètres, on croise sur le territoire de Vertou la rue de LA STREE après avoir longé LES PATIS VERTS. On longe ensuite LA VILLE AU BLANC.
En entrant sur le territoire de Haute-Goulaine, on passe LA LOUEE puis LES HAUTES BORNES, LA LANDE SAINT-MARTIN et LES FERRIERES. On arrive ensuite à CHATEAU-GAILLARD, puis à LA POTERIE.
Voici une pêche fructueuse réalisée sur quelques kilomètres seulement, et sans l'aide du cadastre qui donnerait plein d'autres noms typiques (genre : la pièce du Grand Chemin, etc).
La voie romaine de Nantes à Angers n'est pas moins révélatrice (route Nationale 23 à peu de choses près). On repart de la place du Change par la rue de Verdun. La voie romaine passe sous la porte Saint-Pierre, où elle a été reconnue par les archéologues du XIXe siècle.
La voie bifurque un peu plus loin par la rue SAINT DONATIEN (martyre nantais du IIIe siècle), où ses vestiges ont également été vus, puis entre dans le cimetière de l'église du même nom, où se trouve la chapelle SAINT ETIENNE (Ve siècle), villa de l'antiquité tardive reconvertie.
Après avoir repris la RN 23, on croise en sortant de Nantes le boulevard périphérique au lieu-dit LE CHEMIN ROUGE. On entre sur le territoire de Carquefou par LA NOE BLANCHE et LES BORNES, et on croise ensuite LA MADELEINE, LA CHAUSSEE, LE VIEUX GRAND CHEMIN, LA BELLE ETOILE, LE CHEMIN NANTAIS, SAINT-ANDRE.
Plus loin, à partir de Mauves-sur-Loire, on passe par LA VERDIERE et LA SALLE VERTE, LE MORTRAY, LA MAISON BLANCHE.
Quelques kilomètres plus loin, la voie romaine quitte la route nationale au lieu-dit LA MALADERIE, pour plonger vers le gué de PONT-NOYER et VIEILLE-COUR sur la commune de Couffé.
Un vrai festival !
Ce qui est génial avec la toponymie, c'et qu'on ne s'ennuie jamais en faisant de la route, surtout sur de bonnes vieilles nationales avec tout plein de toponymes bien bien anciens .
Dernière édition par Ar Barzh le Ven 18 Avr - 11:25, édité 2 fois
Ar Barzh- Messages : 775
Date d'inscription : 26/02/2008
Age : 53
Localisation : Bro Naoned
Re: Toponymie des voies antiques et médiévales
excellent !
ta conception de la toponymie fait rêver !
Je signale "un chemin vert" à st nazaire qui m'intriguait depuis longtemps car je ne voyais pas ce que cette petite route avait de plus verte que les autres.
ce chemin vert jouxte la 4 voies St nazaire-La baule dite aujourd'hui par souci touristique de "route bleue"
(marrant cette coiencidence)
Ce chemin vert serait donc sans doute la memoire d'une tres ancienne voie .(romaine ou pas)
ta conception de la toponymie fait rêver !
Je signale "un chemin vert" à st nazaire qui m'intriguait depuis longtemps car je ne voyais pas ce que cette petite route avait de plus verte que les autres.
ce chemin vert jouxte la 4 voies St nazaire-La baule dite aujourd'hui par souci touristique de "route bleue"
(marrant cette coiencidence)
Ce chemin vert serait donc sans doute la memoire d'une tres ancienne voie .(romaine ou pas)
Re: Toponymie des voies antiques et médiévales
Ce CHEMIN VERT est très certainement la voie romaine secondaire qui reliait Saint-Nazaire à Piriac par Clis. Son tracé suit en partie la Route Bleue, jusqu'à Guérande.
Inspectons la toponymie aux abords de cette route à Partir de Saint-Nazaire :
LE CHEMIN VERT jouxte LES COMMANDIERES (commanderie de templiers ?)
L'IMMACULEE passe pour une traduction française du village voisin et étang de GUINDREFF = GWENN TREV = LA VILLE BLANCHE
On y trouve un quartier nommé LA CROIX VERTE
PLus loin on a LES MILLAUX (borne milliaire ?)
LA FONTAINE BLANCHE
La Route Bleue est alors ceinte de nombreux châteaux ou toponymes évoquant des maisons fortes :
Château de CLEUX (Kleuz, "le fossé")
Château de LESNERAC (Lez Nerac, "la cour de Nérac")
LES PAVILLONS
Château de TREVEDAY
On croise aussi plusieurs BEL AIR, toponyme classique des routes anciennes bien qu'assez obscur.
On quitte la Route Bleue : le chemin ancien entre dans Guérande par la porte Saint-Michel, et en ressort par la porte Bizienne.
Peu après on retouve des châteaux ou maisons fortes : PROGALAIS ( noté Pourgallet en 1586 = Porh Gallais, "la cour Gallais") KERHUE (Kerhuel 1542), TESSON et CHATEAUMADY.
A Clis, station gallo-romaine plus ancienne que Guérande, on trouve les toponymes révélateurs suivants :
KERSALIO = le village des salles (ruines gallo-romaines en fait)
LA BUTTE DE CESAR
LA FONTAINE VERTE
CHATEAU-GRANNON (ruines gallo-romaines impressionnantes dont un mur sur près de 50m avec 2 m de hauteur ; ce mot Grannon a été rapproché du dieu gaulois Grannos, ou encore de la ville gaulois de Grannona, qu'on place généralement près de Guérande)
LA MOTTE
En continuant vers Trescalan on a :
LE CHATEAU DE BREHET (= Berc'hed, Sainte-Brigitte) et son double français SAINTE-BRIGITTE
LE GRAND CHEMIN
LES QUATRE ROUTES
LE MANOIR
puis on passe :
Le CHATEAU DE LAUVERGNAC
LE PARC DE LA MOTTE
KERGOBEL (= le village des forges= activité industrielle ancienne)
La recette marche aussi en presqu'île guérandaise .
Inspectons la toponymie aux abords de cette route à Partir de Saint-Nazaire :
LE CHEMIN VERT jouxte LES COMMANDIERES (commanderie de templiers ?)
L'IMMACULEE passe pour une traduction française du village voisin et étang de GUINDREFF = GWENN TREV = LA VILLE BLANCHE
On y trouve un quartier nommé LA CROIX VERTE
PLus loin on a LES MILLAUX (borne milliaire ?)
LA FONTAINE BLANCHE
La Route Bleue est alors ceinte de nombreux châteaux ou toponymes évoquant des maisons fortes :
Château de CLEUX (Kleuz, "le fossé")
Château de LESNERAC (Lez Nerac, "la cour de Nérac")
LES PAVILLONS
Château de TREVEDAY
On croise aussi plusieurs BEL AIR, toponyme classique des routes anciennes bien qu'assez obscur.
On quitte la Route Bleue : le chemin ancien entre dans Guérande par la porte Saint-Michel, et en ressort par la porte Bizienne.
Peu après on retouve des châteaux ou maisons fortes : PROGALAIS ( noté Pourgallet en 1586 = Porh Gallais, "la cour Gallais") KERHUE (Kerhuel 1542), TESSON et CHATEAUMADY.
A Clis, station gallo-romaine plus ancienne que Guérande, on trouve les toponymes révélateurs suivants :
KERSALIO = le village des salles (ruines gallo-romaines en fait)
LA BUTTE DE CESAR
LA FONTAINE VERTE
CHATEAU-GRANNON (ruines gallo-romaines impressionnantes dont un mur sur près de 50m avec 2 m de hauteur ; ce mot Grannon a été rapproché du dieu gaulois Grannos, ou encore de la ville gaulois de Grannona, qu'on place généralement près de Guérande)
LA MOTTE
En continuant vers Trescalan on a :
LE CHATEAU DE BREHET (= Berc'hed, Sainte-Brigitte) et son double français SAINTE-BRIGITTE
LE GRAND CHEMIN
LES QUATRE ROUTES
LE MANOIR
puis on passe :
Le CHATEAU DE LAUVERGNAC
LE PARC DE LA MOTTE
KERGOBEL (= le village des forges= activité industrielle ancienne)
La recette marche aussi en presqu'île guérandaise .
Ar Barzh- Messages : 775
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Re: Toponymie des voies antiques et médiévales
Etonnant cette mémoire des lieux...
Rien ne se perd, tout se transforme !
en tout cas jusqu'au 20eme siecle.
maintenant on arase et on fait des lotissements aux doux noms de "des primeveres, de jean jaures machin truc" etc.....
Rien ne se perd, tout se transforme !
en tout cas jusqu'au 20eme siecle.
maintenant on arase et on fait des lotissements aux doux noms de "des primeveres, de jean jaures machin truc" etc.....
Re: Toponymie des voies antiques et médiévales
Ben oui : les promoteurs ne comprennent pas qu'un toponnyme a une valeur immense.
Je me mets aussi à leur place : "Le cul du chien" , "le parc de la motte" ou encore "Connerie" (nom d'un village à Guérande, de Saint-Connéry), c'est très moyennement sexy pour une résidence grand standing !
Cependant il ya des exceptions : de temps en temps on voit des programmes immobiliers qui reprennent avec plus ou moins de bonheur les appellations du cadastre ou le lieu-dit. J'ai en tête la résidence KER TREBALLE à Saint Nazaire, dans le quartier de la Tréballe. C'est un peu maladroit mais au moins ça fait "vivre" le toponyme Tréballe ( breton *Trev Baol ou vieux français tribale, "cabaret" ??).
Je me mets aussi à leur place : "Le cul du chien" , "le parc de la motte" ou encore "Connerie" (nom d'un village à Guérande, de Saint-Connéry), c'est très moyennement sexy pour une résidence grand standing !
Cependant il ya des exceptions : de temps en temps on voit des programmes immobiliers qui reprennent avec plus ou moins de bonheur les appellations du cadastre ou le lieu-dit. J'ai en tête la résidence KER TREBALLE à Saint Nazaire, dans le quartier de la Tréballe. C'est un peu maladroit mais au moins ça fait "vivre" le toponyme Tréballe ( breton *Trev Baol ou vieux français tribale, "cabaret" ??).
Ar Barzh- Messages : 775
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Re: Toponymie des voies antiques et médiévales
peut etre trev-baol aussi puisque la treballe etait une treve de guerande ....
nouveau programme immobilier à st nazaire : les "castelou"
est ce que ça a un rapport avec le "ou" breton , ou est ce un mot provencal?
nouveau programme immobilier à st nazaire : les "castelou"
est ce que ça a un rapport avec le "ou" breton , ou est ce un mot provencal?
Re: Toponymie des voies antiques et médiévales
Ca doit être du breton, sinon je pense qu'ils auraient mis un S à la fin.
Ar Barzh- Messages : 775
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Re: Toponymie des voies antiques et médiévales
Je croie qu'il y a un "S" !
peut-etre est ce du breton mis à la sauce française
"quoi pas d'S apres les"
j'imagine déjà les personnes outrées lol
le pluriel de Kastell c'est Kastelloù ?
mais je crois qu'il y a des mots provencaux avec ces "ou" finaux non ?
peut-etre est ce du breton mis à la sauce française
"quoi pas d'S apres les"
j'imagine déjà les personnes outrées lol
le pluriel de Kastell c'est Kastelloù ?
mais je crois qu'il y a des mots provencaux avec ces "ou" finaux non ?
Re: Toponymie des voies antiques et médiévales
Et plein de mots gallos !
Ar Barzh- Messages : 775
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Re: Toponymie des voies antiques et médiévales
Précision : je suis en train de lire la Toponymie des voies romaines et médiévales de Stéphane Gendron, et il semble que les toponymes dérivés de STRATA peuvent désigner des chemins d'époque diverses.
Ar Barzh- Messages : 775
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